Février : nos lecteurs nous proposent...
Le jour des corneilles de Jean-François BEAUCHEMIN
Roman d’un auteur canadien, paru en 2004, couronné du prix France-Québec, adapté au cinéma en 2012.
Au premier abord le lecteur est dérouté par la langue utilisée, un français qui peut paraître d’un autre temps, émaillé de mots argotiques employés avec drôlerie; mais rapidement le style plaît, et nous fait pénétrer un monde fermé : celui où vivent un père et son fils, à l’écart des autres, dans la forêt, une cabane sommaire, se nourrissant de cueillette, de pêche et de braconnage. Le père distille un mauvais alcool de baies de genièvre dont il s’abreuve abondamment. Ils connaissent aussi les plantes médicinales.
Aucune présence féminine ici, malheureusement la mère est morte en couches, le fils doit sa survie à sa féroce envie de vivre et à l’éducation spartiate de son père.
Le père souffre visiblement d’hallucinations (il y a des gens dans son casque …) et ne montre aucune tendresse à l’égard de l’enfant qui, heureusement pour lui, reçoit quelquefois la visite de sa mère (ou de son fantôme).
A l’occasion d’une grave blessure du père ils se retrouvent tous deux au village où on les nomme Courge père et fils, et où le père est soigné.
C’est une grande découverte pour l’enfant, il est choyé par une jeune fille et il apprend l’existence des sentiments.
De retour à la vie rustique, l’enfant s’interroge justement sur l’existence d’un sentiment d’amour de la part de son père qui se comporte avec une excessive autorité, lui infligeant de véritables tortures physiques et morales.
Cette recherche d’amour conduit à l’irréparable, et c’est là qu’on apprend quel est ce « Jour des corneilles » où tout a commencé.
Le fils Courge a découvert en prison les mots « pour cerner les choses et les déchiffrer meilleurement ».
La critique de Télérama a parlé, à propos de ce livre « d’OVNI littéraire », c’est la meilleure définition qu’on puisse en donner.
Martine Le GOFF
Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs (Actes sud) de Mathias Enard
Un roman gargantuesque tant par la truculence de ses personnages, le foisonnement du langage, que par l’érudition de l’auteur.
Certains lecteurs parlent d’indigestion… je serais pour une lecture à petites doses pour mieux déguster !
La mort traverse ce roman autant que la vie dans tous ses excès. Ce merveilleux conteur est brillant, drôle, grivois, d’une rare érudition. J’ai particulièrement apprécié les pages qui nous embarquent dans un délire jubilatoire sur la réincarnation et le recyclage des âmes ! Et ces pages sur cette orgie de saucisson, d’andouille et autres ripailles, tout cela accompagné de littérature, est un trésor de romancier.
A découvrir...
La voyageuse de nuit (Grasset) de Laure Adler
« J’essaie de montrer que la sensation de l’âge, l’expérience de l’âge peuvent nous conduire à une certaine intensité d’existence » Note de l’auteure
Fille (Gallimard) de Camille Laurens
Vous avez des enfants ? demande-t-on au père ? Non, j’ai deux filles, répond-il »
Le ton est donné, d'où l’importance des mots dans la construction d’une vie.
Camille Laurens, toujours excellente!
Catherine Gautier
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